Je suis née “fille”. Pour devenir “femme”.
Mais dans le mode d’emploi de mon père, ce n’était pas écrit “soumise”, “douce”, “fragile” et “dépendante”.
Il a décidé de s’en inventé un. Rempli de “débrouillardise”, “d’égalité”, de “pionnière”, de “responsable”, “forte” et “capable”. Il a agrémenté le déroulement avec “autonomie”.
Je suis née “fille”. Pour devenir “femme”. Mais toute ma vie, j’ai cru que les “femmeries” c’était un défaut. Pourtant, quand j’ai droit “aux avantages” de la femmerie (ironie), je m’insurge, me rebelle. Les yeux pétillants d’affront et de défi, tel un cheval sauvage qui ne veut pas être dompter. Les yeux remplis de feu, le coeur battant au rythme de l’injustice… je ne m’abaisserai pas.
Je suis née “fille”. Pour devenir “femme”. Une femme qui marche à côté de l’homme. Pour former une équipe solide et puissante. Pour affronter le néant et partager les moments d’extase de bonheur. Une femme qui ne connaît pas la peur de la force de l’homme, qui ne veut pas croire que le danger est mon semblable. Et même si c’était le cas, être assez confiante pour frapper assez afin qu’il comprenne que c’est assez.
Je suis née “fille”. Pour devenir “femme”. Mais ce n’est pas une tare. C’est un privilège. Combattant constamment entre le “j’aurais dont du”, “je devrais être”… mais je suis ce mélange de caractère, de force, de résilience, d’amour, de douceur, de fragilité et d’émotions. Coule dans mes veines la dualité constante d’un débat interminable.
Je suis née “fille”. Pour devenir “femme”. Je suis née pour vivre heureuse dans le respect et la valorisation de mes compétences, des mes acquis, de ma créativité qui ne dépendent pas de ma blonderie ou de mes yeux bleus. Mon intelligence est directement proportionnel à mes valeurs, mes émotions et mes capacités cervicales. Non à mon vagin et à mes seins.
Je suis née “fille”. Pour devenir “femme”. Imposée oui. Mais pour participer à la plus belle création humaine et terrestre de la galaxie !
Si la nature avait choisie que nous soyons faibles, les loups, les chiens, les chats, tueraient leur femelle. Si la nature avait voulu un sexe pour créer l’humanité, elle aurait mis le pénis et le vagin sur le corps d’une seule personne.
Je suis née fille. Je suis femme. Fière, féministe et rebelle… tant qu’il le faudra.